Commentaire : l'(in)économie de Biden
À l'approche de l'élection présidentielle américaine, le discours économique des deux grands partis politiques se durcit. Les démocrates affirment que les "Bidenomics" sont le remède le plus efficace aux problèmes de l'économie américaine dans l'histoire des États-Unis. Les républicains, quant à eux, ont sévèrement critiqué le bilan économique de M. Biden. Il n'y a pas de consensus sur cette question, non seulement au sein de l'échiquier politique américain, mais aussi parmi les économistes et les hommes d'affaires de renom. Les prévisions concernant la probabilité que l'économie entre en récession dans un avenir proche varient toujours entre 15 et 60 %.
Non seulement l'économie américaine n'est pas encore entrée en récession, mais elle s'est montrée étonnamment résistante. Elle a créé plus de 3 millions d'emplois au cours des 12 derniers mois, dont 187 000 en août. L'inflation annuelle a été réduite d'environ 50 % depuis janvier grâce aux hausses de taux de la Fed. Les problèmes de chaîne d'approvisionnement semblent avoir été évités et les faillites en chaîne tant redoutées n'ont pas eu lieu, même dans le secteur bancaire après les faillites des banques californiennes. Les entreprises déclarent des bénéfices corrects et le dollar se raffermit.
Toutefois, la croissance nominale des salaires en glissement annuel n'a pas suivi le rythme de l'inflation et le pouvoir d'achat des consommateurs diminue. En conséquence, de plus en plus d'Américains sont contraints de retourner sur le marché du travail et le taux de chômage est passé de 3,5 % en juillet à 3,8 % en août. Les défauts de paiement sur les cartes de crédit sont à leur plus haut niveau depuis 2010. La dette fédérale ne cesse d'augmenter et son évolution future devient l'otage de luttes politiques intestines à l'approche des élections.
La dernière victime de cette lutte pour le budget fédéral pourrait bien être les quelque 70 000 centres d'accueil de la petite enfance. Ce poste de 24 milliards de dollars figure sur la liste des coupes budgétaires potentielles et signifierait probablement un saut et une augmentation massive du chômage pour les femmes américaines.
Il semble que l'élection présidentielle de 2024 sera décidée par les électeurs inscrits comme indépendants. Et non seulement pour eux, mais aussi pour de nombreux électeurs démocrates et républicains, ce sera "à propos de l'économie, imbécile", comme l'a dit un jour Ronald Reagan. La question non résolue est toutefois de savoir de quel type d'économie il s'agira.
Miroslav Hošek, PDG d'Advanced Food Products (AFP), LLC, a occupé des postes de direction aux États-Unis pendant 17 ans.